De Bruxelles à Venise (ou presque) en train de nuit… (article et vidéo)
- Eric Valenne
- 22 févr.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mars
--> info de dernière minute depuis début mars: le train va désormais jusqu'à Venise!
La société European Sleeper qui inaugurait, il y a deux ans, un train de nuit Bruxelles-Berlin, et l’an passé un train de nuit Bruxelles-Prague, vient de lancer une nouvelle liaison début février : Bruxelles-Venise prévue en six rotations.
Mais...
... Mais ce voyage inaugural a fait parler de lui dans la mesure où dès le départ, il était annoncé que ce train n’irait pas jusqu’à Venise. Il ne pouvait même pas rentrer en Italie… Son terminus serait donc Innsbruck. Fort heureusement, un accord a été conclu en dernière minute avec OBB, la société autrichienne des chemins de fer, laquelle a permis qu’après une nuit à bord, tout le monde a débarqué à Innsbruck et a pu poursuivre jusqu’à Venise, à plus de 300 km de là…
On vous raconte tout cela grâce à l'un de nos reporters, éric valenne, qui a participé à ce voyage inaugural (lié à un voyage de presse en Italie, plus précisément au Sud-Tyrol, avec un article b2c à la clef.)
Au fait, que s’est-il passé?
On en ignore encore officiellement la raison… mais il a été mentionné qu’après 9 mois de tractations, une signature venant d’Italie aurait manqué au contrat (problèmes de locomotives?, indisponibilité de matériel ?, pressions ou changement de contrat? etc.).
Et ceci n'a été annoncé qu'en dernière minute (la veille nous a-t-on précisé)...
Quoi qu’il en soit, le problème a été résolu de main de maître par les organisateurs et l’assistance des chemins de fer autrichiens OBB.
Ceci dit, on espère que les prochains voyages verront leur terminus à Venise…
Avant le départ du train, une présentation a réuni les deux co-fondateurs d’european Sleeper ainsi que quelques partenaires du monde du chemin de fer, des ambassades, de l’UE et de l’office italien de Tourisme à l’hôtel Pullman (gare de Bruxelles-midi).
Chris Engelsman, co-fondateur European Sleeper: “Ce train de nuit entre Bruxelles et Venise est un projet pilote que nous allons opérer ce début d’année à raison de six allers-retours depuis Bruxelles. Nous prévoyons d'étendre ce projet à davantage de départs à l'avenir… même si vous venez d’apprendre que ce projet pilote ne se déroulera pas sans difficultés (ndlr : pour ce premier départ) en n’allant pas jusque Venise. » Et de poursuivre : « Si c'est assez courant dans l'organisation de trains en Europe d’avoir quelques soucis, Elmer (ndlr : co-fondateur) vous en dira un peu plus à ce sujet du point de vue technique. Ce n'est en effet pas facile d'obtenir le bon horaire même si nous sommes assez satisfaits du résultat actuel car ce n'est pas facile non-plus d’agencer toutes les locomotives dans chaque pays ; ni d’obtenir une voiture-restaurant disponible... Et ce n'est certainement pas facile de passer des frontières et encore moins apparemment d'entrer en Italie ! (ndlr : voir refusé l’accès pour cette première). »
« Nous avons appris une semaine plus tôt et avons informé nos passagers que le train s'arrêterait à Vérone en raison de certaines réglementations du gestionnaire d'infrastructure italien (et que nous gérerions la suite)… Et puis, hier, nous avons reçu un appel téléphonique de notre opérateur italien qui nous disait que nous n'atteindrions pas l'Italie du tout (ndlr : à savoir demain jeudi 6 février matin et ce, pour une sombre raison de signature qui manque : davantage d’infos asap).
« C'était un peu stressant pour nous de savoir que ce train s'arrêterait à Innsbruck. Et quand on parle des prochains départs, on espère qu'on finira par atteindre l'Italie. Ceci dit, on a réglé la fin du trajet pour nos passagers et avons trouvé une solution avec l'aide d'OBB (ndlr : chemins de fer autrichiens) pour voyager dans leurs trains vers l'Italie. Mais vous comprenez (humour) que ce n'était pas vraiment le meilleur voyage inaugural ! »
S.E. Federica Favi, ambassadrice d’Italie : « L'Italie via l'Autriche, ou connecter la capitale de l'Europe avec Venise, l'une des plus belles villes du monde cette initiative est un exemple de la façon dont nous pouvons rendre l'Europe à nouveau grande ces jours-ci ! En nous penchant sur les nombreux défis auxquels notre continent est confronté, de la transition énergétique à la numérisation en passant par la compétitivité, etc. nous devons nous adapter à tous ces changements et à la nouvelle réalité, c'est très urgent. Comme l'a signalé le professeur Mario Dragi dans son dernier travail récent pour la commission européenne, je crois que ce train de nuit est la première réponse rapide pour unir davantage l'Europe, pour connecter les gens, investir dans la jeune génération et dans leurs échanges, pour développer nos économies par le tourisme, pour investir dans la durabilité, pour permettre aux citoyens européens de se rapprocher les uns des autres. Mais aussi de se rapprocher de l'Europe également d'un point de vue psychologique à une époque où nous courons partout avec des gens. Ces quelques longs voyages en train nous permettent aussi de nous réapproprier nos vies et de redécouvrir les chemins de notre continent qui montrent que d'une certaine manière nous avons oublié je pense aussi au passé l'histoire c'est ce que ce train me rappelle le lien entre les peintres flamands du passé et leurs liens avec les artistes italiens de la Renaissance en m'inspirant d'eux je peux aussi voir ce nouveau chemin de fer comme une opportunité pour une nouvelle, grande et enrichissante diversité culturelle. »

Herbert Dorfmann, député européen (italien du Sud-Tyrol) : « Je suis de Bolzano… où le train devait aller… mais comme vous le savez malheureusement n'ira pas. Mais le fait qu'il n'ira pas nous fait peut-être comprendre que nous, en tant que législateurs, avons encore du travail à faire et j'espère vraiment que ce problème pourra être résolu dès que possible. Nous avons au Parlement européen un débat intense sur la réduction des émissions de CO2 et je suis très convaincu que nous savons que la mobilité est l'un des plus gros émetteurs dans toute l'Europe et dans le monde entier. Et si vous voulez décarboner les transports, les trains ont un grand rôle à jouer. Surtout si vous vous sentez capables de faire passer des gens de l'avion au train car l'alternative pour aller à Venise, Vérone ou Innsbruck n'est pas toujours la voiture mais également l'avion. J'ai aussi l'impression que très souvent en politique, si on parle de trains on parle beaucoup de transport de marchandises (comment faire passer le fret des camions au train, etc. ) mais les voyageurs en train ont également une place et un rôle à jouer... »
Dans le train, interview d’Elmer van Buuren, co-fondateur European Sleeper. « Le train de nuit est une très bonne alternative à l'avion et à la voiture. Parce que si vous pouvez voyager de 1200 à 1500 km en voiture, le fait d’utiliser le train vous permet de parcourir des distances encore plus longues et c'est donc notre raison d’organiser ces trains de nuit. Et ça marche très bien, je veux dire que les gens sont heureux d'utiliser ce soir notre train de nuit. Je pense qu'il y a environ 400 personnes à bord ce soir (ndlr : 5 février 2025). En général, nous avons une bonne demande également pour notre train de Bruxelles à Prague, donc c’est un produit qui je pense marche très bien. Nous avons travaillé 9 mois pour cela et c'est un sacré boulot, voire un travail assez difficile pour être honnête. Chaque pays nécessite une adaptation et comme je l'ai dit ce soir à Bruxelles pendant notre événement : vous devez vous familiariser avec les nouvelles règles du pays, les systèmes, les gens, tous les partenaires impliqués. Et ce, afin d'obtenir le meilleur résultat. C'est assez laborieux, oui, absolument, ce n'est pas facile… Et peut-être que parfois, il y a un certain… nationalisme (ndlr : on a même parlé de rail-nationalisme ou ‘raillonalisme’). Chaque pays est un peu différent et dans chaque pays, il faut trouver sa place. Mais néanmoins, je pense que cela en vaut la peine, car vous voyez que nous avons un train maintenant et que les gens l'utilisent réellement, donc oui, je pense qu'au final, l'effort en vaut la peine ! A propos des wagons dans lesquels nous sommes, par exemple nous voyageons ici dans un wagon qui a environ 50 ans ! Ce matériel est familier pour beaucoup de nos clients qui les ont déjà utilisés dans le passé… Certains des wagons (de ce train) ont été utilisés par les chemins de fer allemands ; il y a des sociétés de location en Allemagne qui louent en effet ces wagons pour des trains charters. C'est chez eux que nous les louons. Ils sont rénovés et abrités dans des gares ou encore utilisés ces dernières années pour les trains charters. »
Le voyage s’est effectué sans encombre ni quasi aucun retard. Une fois débarqués à Innsbruck, les voyageurs ont continué vers l’Italie (sandwiches et boissons à volonté).
En ce qui nous concerne, nous étions 6 journalistes (3 Belges, une Suédoise et un Britannique) invités par Glenaki avec Emilie Bruynbroeck à enchaîner un petit voyage de presse au Sud-Tyrol avec train OBB jusqu’à à Bressanone / Brixen et taxi pour San Candido / Innichen pour un mini séjour ski et bien-être, gastronomie, montagne et activités hivernales dans cette superbe région des 3 Zinnen Dolomites. On vous raconte cela dans un autre article.
Le retour s’est fait de la même manière, départ dimanche soir en taxi jusque Bressanone puis Innsbruck et voyage de nuit sans problème vers Bruxelles-midi…

Le raillonalisme ou rail nationalisme ?
Ah, la bonne vieille Europe de trains de naguère… Celle des trains à vapeurs et des trains de nuit qui passaient à travers les frontières, allègrement ou presque… Il semblerait que de nos jours parfois, le rail aurait tendance à reculer et à nous replonger dans ces époques de contrôles et d’arrêts aux frontières… Au vu des difficultés rencontrées par european sleeper pour faire rentrer son train de nuit en Italie, on se pose la question de savoir ce qu’il s’est passé. Alors que Prague et Berlin ont fonctionné à merveille, il semblerait que l’Italie aurait mis des bâtons dans les roues de nos entrepreneurs Hollandais. Lesquels se réjouissaient par exemple de la gratuité que leur a offerte la SNCB de circuler sur le réseau belge ainsi que des facilités octroyées par les autres pays traversés… On vous tient au courant pour la suite et les infos.
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